La stigmergie est un modèle de coopération distribuée et auto-organisée inspirée du fonctionnement des insectes sociaux. Je suis intervenu récemment dans une rencontre en ligne sur le thème « mobilisez l’intelligence collective avec la stigmergie ». Dans cet article vous retrouverez la vidéo de la rencontre ainsi que des exemples d’organisations et entreprises utilisant un modèle proche de la stigmergie.
La stigmergie: un nouveau modèle de gouvernance collaborative
La stigmergie est une méthode de communication indirecte dans un environnement émergent auto-organisé, où les individus communiquent entre eux en modifiant leur environnement.
Si vous découvrez le concept, je vous conseille de lire cet article qui le présente extrêmement bien:
De même je vous conseille aussi la lecture de l’article suivant où un petit groupe s’est réuni pour réfléchir au concept en utilisant une méthode d’animation originale afin de favoriser l’intelligence collective:
Enfin voyez aussi un résumé sur cette mindmap réalisée par Pascal Bernardon à partir de l’article d’Heather Marsh:
Vidéo de la rencontre « mobilisez l’intelligence collective avec la stigmergie »
Voici la vidéo de la rencontre organisée par l’IFIC (voir le groupe Management de l’Intelligence Collective et Collaborative sur LinkedIn ou Google+ ).
Encore une fois la stigmergie en tant que tel est un concept relativement nouveau et dont nous explorons encore les bénéfices et les limites. Cette dernière rencontre et les questions des participants m’ont permis de pousser plus loin les réflexions et d’affiner certains idées.
Suite à cette rencontre, j’ai rédigé un article en deux partie reprenant et clarifiant certaines idées discutées lors de la rencontres.
Cette première partie donne des exemples d’organisations utilisant un modèle stigmergique. Dans la deuxième partie je reviendrai sur les principes et les conditions de mise en œuvre de la stigmergie pour une organisation.
Exemples d’organisation stigmergiques:
N’hésitez pas à commenter ou à me donner d’autres exemples dans les commentaires.
Les fourmis
Avant de rentrer dans des exemples d’organisations humaines, je voulais revenir sur la complexité et la très grande fonctionnalité des structures produites par une organisation stigmergique.
La vidéo ci-dessous montre une fourmilière déterrée par des chercheurs après avoir été remplie de béton pour figer sa structure. Le résultat est à couper le souffle.
La structure couvre 50 mètres carrés, descend à 8 mètres de profondeur et lors de sa conception a nécessité le déplacement de 40 tonnes de terre.
Les tunnels sont conçus de façon optimales pour assurer une bonne ventilation mais aussi la route la plus courte, la structure comportant de véritables « autoroutes » souterraines et des routes plus petites, connectant des chambres principales, des fosses à ordures, et des « jardins à champignons » où la température et l’humidité sont contrôlées et où les fourmis nourrissent de feuilles broyées un mycélium qu’elles récoltent ensuite.
On dirait que la structure a été conçue par un architecte génial, mais tout a été fait par l’intelligence collective de la colonie qui se comporte comme un super-organisme.
Voici ce dont l’on parle lorsque l’on parle de la stigmergie: il ne s’agit pas de quelque chose d’anecdotique, mais d’un mécanisme qui peut aboutir à des résultats incroyablement sophistiqués.
Les communautés du libre
Linux, Wikipédia, WordPress, Firefox … longtemps marginaux, les projets rassemblant des volontaires qui travaillent en collaboration à distance sont de plus en plus courants et concurrencent grandes entreprises et institutions pourtant richement dotés en moyens humains et financiers.
C’est le mode de travail des communautés du libre qui a inspiré Mark Ellliot, auteur d’une publication de référence sur la stigmergie comme cadre intellectuel pour la collaboration dans les grand groupes. (Lire: Stigmergic Collaboration: A Theoretical Framework for Mass Collaboration; Phd, 2007)
Dans les communautés du libre, le travail se fait de manière très ouverte et permet à des participants de se positionner librement sur les taches qu’ils souhaitent. Cette organisation a permis à des projets très complexes de voir le jour (voir: Linux et Wikipédia: 2 succès majeurs de travail en réseau)
Si le modèle du libre était vu comme utopique il y a encore quelque années, aujourd’hui même les grosses entreprises le prenne très au sérieux.
Ce n’est pas un hasard si Microsoft, qui a été battue à plate couture par Linux dans le domaine des serveurs et des supercalculateurs malgré ses énormes moyens humains et financiers, vient tout juste d’annoncer qu’elle va mettre en open source les plans de ses serveurs (une mini-révolution en soi!) afin de permettre un travail stigmergique et bénéficier de l’effet réseau de cette innovation ouverte.
Valve, entreprise sans manager
Valve est une entreprise qui produits des jeux vidéos à succès. Entreprise sans chefs, elle clame avoir une meilleure rentabilité par employé que Google, Amazon ou Facebook.
Chez Valve, les équipes s’auto-organisent, n’importe qui peut suggérer une idée, et choisir librement sur quelle tache travailler (Voir cet article sur l’open allocation), les meneurs sont choisis par leur pairs, les salaires décidés par les confrères.
Notez que Wikipedia a une section sur le « Valve time », le fait que les produits de Valve soient toujours en retard par rapport à la date annoncée. Cependant malgré ces délais fréquents, l’entreprise est reconnue pour la très grande qualité de ses produits et est l’origine de certains des plus grands succès du jeu vidéo. Voir:
- http://www.lilianricaud.com/web-strategy/meet-valve-the-company-managing-without-managers/
- http://www.gamasutra.com/view/feature/131815/the_cabal_valves_design_process_.php?print=1
Le management autogéré de Github
Github est une plateforme de collaboration pour développeurs, bâtie sur un projet open source (Git dont je reparlerai dans un prochain article). Github est une compagnie privée à but lucratif, mais elle a pris les pratiques du monde de l’open source et les appliquée à l’organisation de l’ensemble de l’entreprise.
Github utilise aussi l’ « open allocation » (choix des taches de façon autonome) et ses employés sont libres de s’attaquer à n’importe quel projet qui les intéresse sans demande formelle ou sans interférence managériale. Pour plus d’information sur le fonctionnement de Github lire cet excellent article:
Poult, entreprise « libérée »
En France, l’entreprise de biscuiterie Poult utilise un management participatif original. Poult a décidé de sortir du management par objectifs et de supprimer quelques niveaux hiérarchiques, responsabiliser les équipes en les laissant gérer leurs plannings et en leur laissant la liberté et les moyens de prendre des initiatives.
Transparence, ouverture, fonctionnement en réseau, autonomisation des personnes, avec possibilité pour n’importe qui de lancer un nouveau projet. Peut être pas de la stigmergie, mais peut être une entreprise où le modèle pourrait être développé avec succès.
Regarder cette présentation pour en savoir plus:
L’écosystème des shan zhai
Originellement le terme Shan Zhai était utilisé pour définir un bastion de bandits chinois hors du contrôle des gouvernements locaux. Ce terme désigne maintenant les faux, les contrefaçons ou copies de produits occidentaux fabriqués localement qui inondent le marché chinois.
Aujourd’hui les Shan Zhai, c’est un écosystème d’innovation unique et extrêmement performant avec 30 000 entreprises et des communautés locales collaborant à la chaine de valeur dans la région industrielle de Shen Zhen.
Les Shan Zhai ont plusieurs principes dont deux importants pour la stigmergie:
- Partager le plus d’informations pour que l’écosystème puisse ajouter de la valeur à votre processus.
- Ne rien concevoir ex nihilo : s’appuyer sur ce que les autres ont déjà fait.
Voir à ce sujet:
Les MOOCs, cours massif ouverts en ligne:
Les MOOCs, sont un nouveau modèles de ces cours ouverts en ligne où l’apprentissage se fait de manière auto-organisé, favorisant l’auto-apprentissage et la sérendipité.
S’il y a communication directe entre certains petits groupes de participants, une grosse partie de l’organisation se fait aussi via des traces laissés dans l’environnement en ligne. Voir:
- Travail collaboratif en ligne au sein d’un cours massif ouvert (Mooc)
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Cours_en_ligne_ouvert_et_massif
Le forum ouvert
Le forum ouvert (en anglais « Open Space Technology » est un format de rencontre basée sur l’auto-organisation, la créativité et la liberté d’expression, l’objectif est de créer un climat favorisant l’initiative et l’apprentissage.
Dans le forum ouvert on retrouve plusieurs principes du modèle stigmergique, notamment l’autonomie des agents.
Lire:
Mise à jour 26/05/14: ajout de nouveaux exemples
Twitter dopé par ses utilisateurs
Savez vous que de nombreuses innovations sur la plateforme de Twitter n’ont pas initiés pas l’entreprise, mais par les utilisateurs et développeurs externes ?
Certains des outils les plus utilisés aujourd’hui comme le moteur de recherche ou le logiciel de publication Tweetdeck, ont été à la base conçues par des développeurs externes, puis rachetés par l’entreprise.
Ceci a été rendu possible par la mise à disposition par Twitter des données sous une forme qui permet aux développeurs de bâtir spontanément des services sur la plateforme existante (des interfaces de programmation appellées APIs pour ceux qui connaissent).
De même des innovations sociales, les RT (retweets = faire suivre), les #hashtags viennent des usages des utilisateurs, et se sont spontanément popularisés avant d’être intégrées plus tard par l’entreprise comme des fonctionnalités bâties en dur dans la plateforme.
Twitter a eu l’intelligence (au moins a ses débuts, c’est moins vrai maintenant) d’utiliser cette innovation spontanée en l’incorporant dans la plateforme principale.
Concise, publique, asymétrique, la conversation elle même sur Twitter se prête à une coopération stigmergique.
La plateforme de crowdmapping Ushahidi
Plus récemment dans un article scientifique publié en 2013, la chercheuse Janet Marsden a étudié le développement de la plateforme logicielle de crowdmapping Ushahidi en la regardant sous un angle stigmergique.
Ushahidi est une plateforme open source qui permet de collecter, d’agréger et de cartographier de l’information en situation d’urgence ou de crise.
Le développement d’Ushahidi est remarquable pour plusieurs raisons:
- La version originale d’Ushahidi a été développée et mise en place en une semaine.
- Le système a été largement développée par des kenyans, au Kenya, un pays africain avec des ressources techniques et une infrastructure limitées.
- Quelques jours après son lancement, Ushahidi était utilisé par des milliers d’utilisateurs.
L’auteur explique que l’avancée des réseaux de communication distribués comme l’internet et les réseaux ubiquitaires ont rendus obsolète l’approche top-down de développement de logiciels.
A la place, les outils utilisés sont des composants modulaires adaptables, autogérés et combinés en mash-ups. De même les équipes de développement logiciels et les participants sont spontanées et ad-hoc, fonctionnant comme des organisations virtuelles.
L’environnement de travail qui facilite la coordination des agents est fourni par la plateforme logicielle Ushahidi, incluant ses composants, interfaces et leur affordance pour les participants (l’affordance est la capacité d’un système ou d’un produit à suggérer sa propre utilisation) .
Notez que Ushahidi s’est propagé de façon spontanée et a été depuis été utilisé dans de nombreux endroits dans le monde pour cartographier des situations de crises de façon participative.
Plus sur Ushahidi comme système stigmergique dans cet article très intéressant: Stigmergic self-organization and the improvisation of Ushahidi
Des organisations fonctionnant sur un modèle d’hétérarchie
A explorer aussi pour ceux qui veulent aller plus loin, le concept d’hétérarchie, qui se rapproche du concept de stigmergie. Selon Wikipédia:
L’hétérarchie est un système d’organisation qui se distingue de la hiérarchie parce qu’il favorise l’interrelation et la coopération entre les membres plutôt qu’une structure ascendante. Les structures sociales à l’intérieur du système se chevauchent et s’entrecroisent ; les liens entre les membres sont multiples et l’ascendance est affaiblie par cette multiplicité de liens.
Cette notion introduite par Warren McCulloch en 1945 a été utilisée par Wilson en 1988 pour décrire les mécanismes de communication dans une colonie de fourmis.
Même si stigmergie et hétérarchie ne sont pas synonymes ce sont des modèles d’organisation en réseau et les concepts se chevauchent. Je découvre le concept, mais l’hétérarchie me semble être un concept général tandis que la stigmergie est une forme particulière d’hétérarchie où la coordination se fait par l’environnement, point qui n’est pas explicitement mentionné dans la notion d’hétérarchie.
Dans un article de recherche dense et très documenté, Abderrezak TEDJINI donne des références d’entreprises fonctionnant avec un système d’hétérarchie et discute son intérêt pour la gouvernance des systèmes d’information.
Lire: Le concept d’hétérarchie : émergence dans différents domaines et intérêt
pour la Gouvernance des Systèmes d’Information
D’autres exemples ? Des commentaires ?
Voici les exemples qui, pour moi, se rapprochent le plus du modèle stigmergie. Encore une fois cette notion est très nouvelles et j’en explore avec vous le concept. Si vous connaissez d’autres organisations utilisant un modèle stigmergique, laissez un commentaire et je complèterai l’article.
Dans la deuxième partie je reviendrai sur les principes et les conditions de mise en œuvre de la stigmergie pour une organisation.
Ajout 21/10/2014: Cet article fait partie d’une série de réflexions sur les modèles coopératifs en réseau ouverts.
- Stigmergie: un nouveau modèle de gouvernance collaborative: Entre le modèle concurrentiel et le modèle consensuel, la stigmergie, une nouvelle méthode de gouvernance inspirée du mode d’organisation des insectes sociaux, pourrait offrir un modèle alternatif plus adapté à la collaboration dans des grands groupes.
- Coopération ouverte: principes et tentatives de définition: Comparaison entre les modes de collaboration employés dans les organisations traditionnelles et les nouveaux usages collaboratifs inventés par les communautés en ligne.
- Réflexion collective sur la stigmergie grâce à la méthode de la connaissance créatrice: un approfondissement de la réflexion sur le concept de stigmergie
- Coopération stigmergique : des exemples d’organisations: une liste d’organisations qui utilisent un modèle de gouvernance proche de la stigmergie et une discussion.
- Principes clés pour mettre en oeuvre une coopération stigmergique: une réflexion sur l’ application et la mise en œuvre de la stigmergie au sein d’une organisation humaine
Image d’en tête: © Copyright Walter Baxter réutilisable sous Licence Creative Commons.
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17 commentaires sur “Coopération stigmergique: des exemples d’organisations”
Magnifique !!!
Merci Lilian !
Bonjour à toutes et tous,
J’ai bien apprécié cette discussion. Je vous invite à lire un article (ci-dessous le lien) qui vient être publier à l’AIM 2014, qui pourrait être un complément à cette discussion et de dégager de nouvelles pistes de recherche.
http://aim.asso.fr/index.php/mediatheque/summary/33-aim-2014/1007-le-concept-d-heterarchie-emergence-dans-differents-domaines-et-interet-pour-la-gouvernance-des-systemes-d-information
Bien cordialement
Merci pour le lien. j’ai profite d »une mise à jour avec d’autres exemples pour ajouter un paragraphe sur le concept d’hétérarchie avec le lien vers votre étude.
Merci Lilian
En lisant ce site, il m’a semblé de le réseau Mathrice est un système stigmergétique.
Mathrice est décrit au §1 de https://conf-ng.jres.org/2013/document_revision_1993.html?download
Qu’en pensez-vous ?
Il y a certes un aspect de participation basée sur le volontariat, mais je n’ai pas vu d’aspect lié à une collaboration liée à des traces laissé dans l’environnement. Vous avez des précisions sur ce sujet ? Voyez aussi les principes que j’ai identifiés pour un système stigmergique: http://www.lilianricaud.com/travail-en-reseau/principes-cles-pour-mettre-en-oeuvre-une-cooperation-stigmergique/
Stigmergie et consensus dans le meso-social
Après avoir testé à Strasbourg le modèle horizontal au consensus en créant Codissol, nous testons au niveau d’Eutopic la stigmergie pour le collectif de « la vallée de la Doller en Transition ». Le terme n’est pas utilisé mais est traduit et décliné dans quelques unes de ses conséquences dans la Charte (qui est la seule structuration du collectif).
La Charte expérimentale en appelle à la « libre agrégation des initiatives et des bonnes volontés ». Au niveau du collectif, le consensus est recherché pour l’écoute qui accompagne sa construction. La stigmergie (liberté d’initiative) est posée comme première. Le consensus sert a priori dans la définition des buts, des besoins et des aspirations collectives, et a posteriori pour la coordination et la synergie entre les initiatives des individus et des sous-groupes.
En cours d’expérimentation sur le terrain depuis novembre 2014.
lien vers le Pad de la Charte, pour suggestions et améliorations :
https://lite5.framapad.org/p/charteVDT1
pour info, la carte heuristique du Collectif de la Vallée de la Doller en Transition :
https://framindmap.org/c/maps/806/public
Très interessant merci ! Je fais partie d’une association ou nous testons aussi l’application de principes similaires sans utiliser le terme de stigmergie. Une réflexion que je veux creuse de notre coté et qui peut vous intéresser aussi: comment optimiser les traces pour favoriser l’auto-organisation.
bonne continuation !
A l’arraché, et pour enfoncer au passage quelques portes ouvertes, optimiser les traces reviendrait :
1. à proposer à chaque type de dominante de communication le canal qui lui permet « d’aimer » la trace pour la suivre et se l’approprier : bavardage au bistrot, rencontres et réunions d’information publiques (contact et auditif, interactions directes, relations humaines), articles et publications (lecture), digest vidéo périodique de l’avancée du projet avec commentaires ouverts (multimédia), pads (écrit linéaire), mindmap (visuel), plates-formes de projets (type webcollab, etc.), « chats » clavier avec mémoire des discussions.
2. Beaucoup de ces supports de traces nécessitent un minimum (d’inter-)formation, soit des émetteurs soit des participants…
3. ensuite, la multiplicité des traces et leur obsolescence progressive noie irrémédiablement la lisibilité de l’ensemble ainsi que les possibilités de prendre en compte les interactions et critiques laissées à des endroits déclassés de la trace. Optimiser les traces implique donc aussi de laisser systématiquement dans chaque trace, la trace vers le lieu de la réactualisation synthétique permanente du projet et de meilleure prise en compte des suggestions et critique, et s’il n’existe pas, le créer, ne serait-ce qu’en entrée « d’accueil des nouveaux » et des « suggestions ».
J’ai le loisir de préparer des contenus de formation sur « dynamiser l’organisation stigmergique des collectifs d’initiatives citoyennes »
(les principes, concepts, méthodes, outils et savoir-être/communiquer correspondant pour les catalysateurs, initiateurs ou personnes-ressources)
et
« les outils en ligne de facilitation de la dynamique et de la structuration des Communs » (mix de community building et d’utilisation pragmatique des outils web 2.0)
merci pour les commentaires ! si vous avez des contenus de formations je serai curieux de les consulter.
Bonjour,
Je signale deux mouvements : Disco Soup et Les incroyables comestibles.
Le premier fait référence explicitement à la stigmergie sur son site : http://discosoupe.org/la-charte-et-les-valeurs/
et la gouvernance expliquée ici : http://discosoupe.org/gouvernance/
Les incroyables comestibles http://lesincroyablescomestibles.fr/ me semblent aussi comporter plusieurs aspects de stigmergie :
– l’impulsion de créer une action en local est initiée par la trace d’autres actions sur d’autres territoires. Traces rapportées sur le site du mouvement, dans la presse, le bouche à oreille mais aussi par des affichettes et des bacs que l’on peut voir dans des rues de villages ou villes où le mouvement est présent.
– même si l’action nécessite d’être à plusieurs, on peut retenir dans la stigmergie qu’il s’agit d’agents agissant sur un environnement, agent au sens « individu » ou « groupe d’individus »
– le mouvement est né à Todmorden au Royaume Uni (Incredible Edibles) et il a enclenché un changement progressif de l’environnement puisque Todmorden devient de plus en plus en autosuffisance avec le développement de circuits courts.
– le changement dans l’environnement représenté par l’apparition d’un bac pousse les habitants qui le souhaitent à emboiter le pas, sans pour autant faire partie des gentils organisateurs en local
– le changement dans l’environnement représenté par la découverte de légumes ou fruits dans des bacs peut pousser à se servir et aussi à s’engager dans de la réciprocité ouverte
En bref, action ->> trace ->> action ->> …
Avec une organisation complètement décentralisée, puisque le seul niveau de centralisation est une coordination nationale alimentant un site internet et mettant en visibilité sur une carte les localisations où le mouvement est présent.
Qu’en pensez-vous ?
Olivier Hoeffel
Merci pour le commantaire ! tout à fait d’accord avec votre analyse !
Ces mouvements sont pour moi de de bons exemples de nouvelles formes d’organisation collaboratives en essaims, des collectifs ouverts centrés sur des collaborations éphémères autour d’un évènement, ces « essaims » s’assemblant ponctuellement autour d’actions et de buts concrets et se désassemblant ensuite, une fois le but atteint.
On passe d’une appartenance à une organisation unique (syndicat, association, parti politique…) ou l’on doit rentrer dans le consensus ou la hiérarchie à une poly-appartenance ponctuelle à différent types d’essaim qui s’auto assemblent selon les besoins.
Je travaille à recenser et cartographier les nouveaux formats d’evenement co-créatifs car je pense que en augmentant notre vocabulaire du faire ensemble (voir: http://toc-arts.org/blog/2015/02/13/10139/), cela peut aider à l’autoorganisation stigmergique de tels essaims.
Je manque de temps pour m’y consacrer, mais cela fait deux ans que j’envisage d’écrire un ouvrage à ce sujet et je continuer à faire avancer mes réflexions la dessus via ce blog.
Bonjour, existe t’il un reseau social ou une gouvernance distribué qui fonctionne sous le principe de la stigmergie.
Je recherche aussi des projets en cours.
Merci d’avance pour toutes informations.
Grégory
Bonjour, je découvre votre recherche à l’instant, en faisant des recherches sur les modèles de gouvernance pour travailler prochainement le fonctionnement choisi, du moins au départ, pour notre collectif porteur d’un projet d’école.
Je me pose la question, et vous laisserez donc la creuser au vu de votre compréhension et connaissance bien avancée en matière de stigmergique. La voici : est-ce que ce qui se produit dans le courant des écoles du troisième type, lorsque l’état « final » 3ème type est atteins, ne s’apparente pas à la stigmergique? Pour plus d’info sur cette démarche éducative ( qui ne se veux pas une pédagogie), vous pouvez chercher du côté de Bernard Collot ou Philippe Ruelen, voir même entrer en contact avec eux qui prendront je n’en doute pas un grand plaisir à échanger avec vous. Ou me contacter également pour de premiers éléments. Merci pour ce partage d’informations et de réflexions!